Tino Sehgal nous happe jusqu’au 18 décembre dans un Palais de Tokyo vidé de tout, nu en dehors de quelques œuvres d’artistes invités : Philippe Parreno, Daniel Buren, Félix González-Torres, Pierre Huyghes, James Coleman, Isabel Lewis. Des oeuvres qui se fondent parfaitement dans la carte blanche à Tino Sehgal et ont l’air d’avoir été créées pour le Palais de Tokyo – d’une discrétion intrigante dans l’architecture abimée mais grandiose du lieu, créant un parcours qui nous amène à chercher l’oeuvre dans l’immensité et les recoins des salles vides. Les trouver et les voir relève presque du choix.
Les créations de Tino Sehgal elles-mêmes n’existent pas sans le visiteur. On est déstabilisé dès l’entrée, on puise au fond de soi, dans la recherche de repères ou dans leur perte. On s’ouvre parce qu’on a pas le choix, parce que Tino Sehgal crée des perles de sincérité entre étrangers, entre l’oeuvre et le visiteur. On répond à des questions qui semblent être des réflexions éternellement en suspens. La grande force des oeuvre a résidé pour moi dans le fait de trouver en moi des réponses qui sont peut-être temporaires, qui peuvent être réévaluées et qui méritent d’ailleurs de l’être. De confronter mes peurs. De perdre le contour de mon propre corps, aussi.
On ressort touché en plein coeur par Tino Sehgal, qui nous engloutit et nous oblige à lâcher prise le temps d’un rendez-vous avec lui, mais surtout avec nous-mêmes.