En attendant que Wrocław soit capitale européenne de la culture en 2016, la galerie nationale Zachęta met à l’honneur la ville et sa place dans l’avant-garde polonaise depuis les années 60. À voir jusqu’au 13 septembre si vous passez à Varsovie.
Wrocław a une place particulière dans l’histoire récente de la Pologne : à la fin de la guerre, la ville a réintégré Pologne en étant située sur les terres récupérées (ou recouvrées – Ziemie odzyskane en polonais), après des années de domination allemande et un rôle-clef dans l’invasion de la Pologne par l’Allemagne.
Ce que je ne savais pas avant d’aller à l’exposition de Zachęta, c’est que la ville a aussi une place particulière dans l’histoire visuelle de la Pologne, faite de graphisme, typographie, cinéma, théâtre et militantisme.
L’expo prend comme point de départ l’ouverture de la galerie Pod Mona Lisą, ouverte de 1967 à 1971, point névralgique de théorie artistique et de mise en avant de l’art conceptuel. On y trouve de la déconstruction, des artistes témoignants du passé, des monuments du cinéma… de l’art en noir et blanc dont on trouve encore les grandes lignes de minimalisme et de détournement dans la création polonaise contemporaine.
Organisé en salles thématiques (graphisme, utilisation de l’Histoire dans l’art, cinéma, architecture, expérimentation avec les nouveaux médias de l’époque – notamment la vidéo, militantisme, arts vivants, réappropriation du corps, prolongation dans la création contemporaine, musique), ce voyage dans le temps montre comment les artistes se sont appuyés sur une ville pour briser des codes dans une Pologne communiste où la liberté d’expression était plus que limitée.
On a ainsi rendez-vous avec des fondateurs du mouvement artistique indépendant et des artistes qui font encore partie des grandes figures de l’art polonais, quel qu’en soit le domaine : Agnieszka Holland, Tadeusz Rolke, Tadeusz Konwicki, Lech Mrożek, Andrzej Żuławski, Jerzy Czerniawski. À leurs côtés, on retrouve des artistes plus contemporains essentiels, et pas seulement polonais : Nicolas Grospierre, Paweł Jarodzki, Rafał Jakubowicz…
Alors que j’attendais très peu de cette expo, j’ai été ravie d’apprendre comment Wrocław et ses écoles ont été un lieu de naissance pour de nombreux artistes majeurs qui ont structuré l’univers visuel des artistes polonais d’aujourd’hui. Il n’y a plus qu’à voir comment la ville s’appuiera sur cette riche histoire pour son année de Capitale européenne de la culture en 2016.