Que faire quand on est jeune dans un pays où les jeunes ne veulent pas perdre espoir, mais où la crise semble avoir fermé toutes les portes ? Pas une crise comme celle qui touche la France, non. Une crise comme celle qui touche l’Espagne, où le taux de chômage global est dépasse les 24% et celui du chômage des jeunes plane au-dessus des 50%.
C’est à cette jeunesse-là que s’intéresse Jaime Rosales : celle qui ne veut pas abandonner et qui se débrouille comme elle peut pour rapprocher les deux bouts, celle dont l’envie de vivre est entravée par le besoin d’argent. Dans La Belle Jeunesse (sortie le 10 décembre), il s’intéresse aux moments d’insouciance et aux moments soucieux de Natalia et Carlos, jeune couple sans diplôme – mais avec un enfant – qui surfe la crise au jour le jour. Petits boulots mal payés, porno amateur, petites combines, toutes les solutions sont bonnes pour avoir l’impression d’approcher leurs rêves.
On ne peut que s’attacher à ce couple qui reflète son époque, autant dans ses désillusions que dans ses usages : Jaime Rosales a habilement intégré, à son film tourné sur celluloïde, des écrans Whatsapp qui permettent à la fois de créer des ellipses et de redonner de la légèreté à la relation amoureuse.
Si Ingrid Garcia-Jonsson et Carlos Rodriguez, les acteurs principaux, excellent dans le naturalisme, de nombreux personnages ont le même rôle à l’écran qu’à la ville. Peut-être est-ce qui donne à La Belle Jeunesse sa sensibilité crue et sa vérité profonde. En sortant de la salle, on est en colère, rempli d’une rage sourde qui prend aux tripes, avec un irrépressible sentiment d’impuissance et d’injustice.
La Belle Jeunesse de Jaime Rosales est un film à réfléchir et à voir, à voir très vite, parce qu’il n’y a que peu de chances qu’un film d’auteur espagnol vous attende longtemps…