« Aujourd’hui le monde est mort, ou peut être hier je ne sais pas. »
C’est ainsi que commence l’installation de Hiroshi Sugimoto au Palais de Tokyo, c’est cette phrase qui rythme toute la visite, c’est elle qui fait passer cette oeuvre de la dystopie à l’anticipation.
Dans cette oeuvre dont la structure-ruine de tôle – en parfait écho avec l’architecture du Palais de Tokyo – semble sortie de l’univers post-apocalyptique d’un ouvrage de Barjavel, on se balade parmi différents scénarios de la fin du monde : guerre, fin de la culture, destruction de la nature, hypermatérialisme… Une dizaine de pistes de la folie des hommes sont explorées, et elles sont toutes plausibles, c’est bien pour ça que l’oeuvre de Sugimoto est à visiter absolument..
A la tombée de la nuit, aucune lumière n’est allumée dans l’installation de Sugimoto, alors le Palais de Tokyo fournit aux visiteurs des lampes de poche, une lumière blanche et froide qui permet de découvrir petit à petit le parcours. On tâtonne au fil des pièces, les passages et séquences sont là où on ne les attend pas forcément, on se laisse surprendre aussi bien par la structure du lieu que par ce que l’on y trouve. Le jour, l’exposition est très différente, la lumière donnant à la fois une impression de grandeur et de dénuement.
Les objets présentés sont beaux et usés tels les témoins d’une belle époque révolue, les textes sont bien écrits, pleins de nostalgie et de force. Au fil des séquences et scénarios, on se sent tantôt angoissé, oppressé, ému et… coupable, mais aussi frappé par la nécessité d’agir pour sauver le monde. On ne peut s’empêcher de se dire que si on ne verra peut-être pas la fin du monde, les travers dépeints par Sugimoto sont bien vrais. De quoi s’interroger sur notre propre rôle dans leur perpétuation.
Hiroshi Sugimoto
Aujourd’hui le monde est mort [Lost human genetic archive]
A voir au Palais de Tokyo dans le cadre de la saison L’Etat du Ciel jusqu’au 7 septembre 2014.