Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on LinkedInPin on PinterestShare on Google+

Un inconnu m’a offert un croquis, il y a 11 ans, dans un bar du dix-septième arrondissement où je passais une grosse partie de mon temps libre. J’avais choisi d’y fêter mon anniversaire, j’étais arrivée tôt pour profiter d’un Perrier-tranche dans la chaleur du soleil passant à travers la large vitrine, avant l’arrivée de quelques invités et de tous les inconnus que l’on frôle dans les lieux de fête.

Pendant près de 10 ans, cette feuille détachée d’un petit Moleskine a été accrochée sur un mur de mon appartement. On y voit le profil d’une jeune femme, qui n’est pas moi – elle n’a ni mes traits, ni les bijoux que j’avais ce jour-là, peut-être juste mes mains et mes cheveux –, elle regarde vers la gauche et je trouve à ses grands yeux un mélange d’attente, appréhension et innocence. Elle a un trou dans la poitrine, là où la feuille était reliée au reste du carnet. Je ne saurai jamais si elle existe ailleurs que dans l’imagination de son auteur, dont je n’arrive pas à déchiffrer le nom. Je suis à peu près certaine, en revanche, que la phrase qui accompagne le dessin est inédite.

“Joyeux anniversaire, que cette année vous espère.”
Est-ce un régionalisme, une expression tombée en désuétude ? Une année peut-elle nous espérer autant qu’on l’espère ? Le temps peut-il attendre de nous autant qu’on attend de lui ? L’avenir peut-il croire autant en nous qu’on peut croire en lui ?

Peut-être. Peut-être aussi qu’on finit par être écrasé·e par les attentes du temps, peut-être qu’on est étouffé·e tôt ou tard par le poids des secondes, des heures, des semaines et des mois. Peut-être qu’un jour le temps en a assez de nous attendre, et ce jour-là, on meurt. Mais pas cette année, pas l’année qui vient. L’année qui vient sera forcément lumineuse, le temps y sera forcément doux, les métronomes marqueront forcément un tempo allié. On l’attendra parfois, elle nous attendra aussi. Mais si on aura toujours l’espoir mutuel que tout revient à un point d’équilibre sur le fil du temps, même un bref instant, même une respiration. Juste le temps de poser sur l’année un regard plein d’attente, appréhension et innocence pour se montrer aussi indulgent·e avec elle qu’elle peut l’être avec nous.

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on LinkedInPin on PinterestShare on Google+

One Comment

Leave a Reply to Anonymous Cancel reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.