Le Louvre Lens est depuis son ouverture un projet incroyablement ambitieux et magique et en même temps un peu casse-gueule : alors qu’il a la chance d’être implanté dans un coin du Nord-Pas-de-Calais où les musées sont un peu rares – ce qui donne de grandes possibilités d’actions territoriales, il doit relever le défi d’être le Louvre sans la Joconde, sans la Victoire de Samothrace et la Venus De Milo.
Mais est-ce de ça que je vais vous parler aujourd’hui ? Pas du tout, même si je trouve les actions d’ouverture du Louvre Lens hypercools et que je suis tombée sur un instawalk quand j’y suis allée.
Non, ce dont je voulais vous parler c’est de la super expérience de visite que j’ai eue avec ma maman, notamment dans la Galerie du Temps.
Avant de vous commencer, soulignons que l’entrée dans la Galerie du Temps est gratuite, l’audioguide est à 3 euros (je vous conseille très très vivement de le prendre ci-dessous), Lens est à 1h10 de Paris et une navette vous amène de la gare au musée. Pour résumer, quelle que soit votre excuse pour ne pas aller au Louvre Lens, elle est mauvaise.
C’est quoi, la Galerie du Temps ?
La Galerie du Temps, c’est l’espace d’exposition permanente du Louvre Lens. On y trouve une sélection peu plus de 200 oeuvres des collections du Louvre, organisées de façon strictement chronologique, avec une frise sur le mur qui permet de situer l’époque dans laquelle on se situe. Même si certaines régions du monde sont plus ou moins représentées selon les époques, l’objectif est de toutes les mettre au même niveau et que les chefs d’oeuvre de la peinture flamande puisse dialoguer avec des objets rituels égyptiens et des écrits mésopotamiens. On est loin du white cube, mais plutôt dans un espace complètement décloisonné, un silver corridor qui mène de l’Antiquité au XIXe siècle.
Ok, mais en quoi la visite de Galerie du temps est différente des autres ?
Si les cartels de la Galerie du Temps sont finalement assez peu nombreux pour ne pas perturber la fluidité de la visite, vous pouvez vous doter (et je vous conseille vivement de le faire) dès l’entrée d’un smartphone sur lequel vous trouverez l’audioguide du musée. Sur cet audioguide, pas de numéro d’oeuvres à taper ou de puces NFC, mais une modélisation en 3D de la Galerie du Temps et de chacune de ses oeuvres. Vous pouvez naviguer sur l’écran au même rythme que vous avancez dans le temps, zoomer sur chaque îlot d’objets et chaque vitrine et les faire pivoter pour voir les oeuvres auxquelles sont associées des explications.
Au fil de pistes audio de quelques minutes, les conservateurs du Louvre (dont Sophie Makariou, directrice du département des Arts de l’Islam de 2009 à 2013 et aujourd’hui hyper énergique directrice du Musée Guimet) racontent l’histoire et les détails des oeuvres. C’est dynamique, intéressant, dans un langage accessible, juste assez long pour avoir le temps de s’émerveiller et pas assez pour se lasser.
Je dirais que cette app a fait durer 3 heures une visite qui sans ça aurait sans doute été bouclée en 1h30 (on est vraiment pas assez pro avec ma mère s’extasier 180 secondes sur une tablette d’écriture cunéiforme sans explication aucune). On a vraiment aimé le fait de pouvoir déambuler, revenir en arrière, s’attarder sur une période, l’explorer avec plusieurs régions en point d’entrée – ce qui est finalement assez rare.
En bonus, des médiateurs font des petites interventions à heure fixe devant quelques tableaux de la galerie. À 15h, on a eu droit à l’explication du Roi Ixion trompé par Jupon qu’il voulait séduire (pourquoi le titre à rallonge, Pierre Paul Rubens ?!) et à la réponse à toutes nos questions.
Et à part la Galerie du Temps ?
Nous n’avons pas visité l’expo temporaire (sur la Mésopotamie quand on y était) parce qu’on venait de crapahuter 3h, mais on a traîné un peu en sous-sol, où des tables tactiles présentent les secrets de quelques oeuvres (voyages, conservation, rayon X) et où les réserves ouvertes laissent apparaître des étages et étagères de tableaux, certains visiblement en cours de soin par les restaurateurs.
Pour résumer, c’était pour nous une chouette sortie dans ce musée ouvert depuis quelques années déjà, qu’on a traîné à découvrir alors qu’il est à une heure de chez ma maman et que sa visite permet de découvrir l’art autrement, presque comme une promenade du dimanche.