L’artiste américain Mark Dion a été invité par les Beaux-Arts à revisiter leur collection. Une exposition extranatuelle à voir jusqu’au 14 juillet, avec un parcours nocturne exceptionnel pour la Nuit des Musées.
La collection des Beaux-Arts de Paris, c’est près de 450.000 oeuvres et ouvrages, l’immense majorité invisible au public, certains montrées lors des expositions, d’autres encore tenus à disposition des étudiants ou décorant la bibliothèque. Mark Dion, artiste du cabinet de curiosité et de l’étrangeté, a été invité par les Beaux-Arts à poser le temps d’une exposition un regard nouveau sur cette collection.
Le choix qu’il a fait est celui du surnaturel, qui lui a permis de présenter au public des oeuvres qui depuis longtemps n’avaient pas quitté les réserves de l’ENSBA.
Au surnaturel, Mark Dion a associé un parcours étonnamment naturel et organique : on découvre dès l’entrée les écorchés du département de morphologie de l’ENSBA, des reliques humaines et animales, mais aussi un cabinet de curiosité qui met en valeur le travail des étudiants de l’école et des tableaux anciens.
En sortant de cette partie sur le corps, on a le choix en tant que visiteur entre la suite que l’on veut donner au parcours. 4 portes s’ouvrent sur les 4 éléments : le feu – des immolations au verre soufflé, la terre – d’animaux momifiés (une panthère, notamment !) en personnages mythologiques, l’eau – méduses et sirènes, l’air – animaux volants et oiseaux en toutes sortes. Chacun entremêle la sublime et riche collection de l’ENSBA, des oeuvres contemporaines et des créations de Mark Dion, faites d’objets trouvés et accumulés.
Un cinquième élément clôt l’exposition. C’est l’ether. Celui des esprits, le surnaturel et inexplicable qui n’est plus tellement relié à des légendes, mais aux esprits et à l’invisible. Un monde où une fresque établit une taxonomie des fantômes digne de Ghostbusters et où les morts sont entourés d’objets précieux, comme s’ils venaient de passer vers l’au-delà selon un rituel ancien.
L’envers des Beaux-Arts se découvre pour la Nuit des Musées
L’ether est l’élément qui précède la nuit. À l’exposition s’ajoute le temps de la Nuit des Musées (le 21 mai de 21h30 à 1h) un parcours nocturne à travers l’ENSBA. Les sous-sols et réserves, le bureau du directeur, les jardins cachés, une danseuse, un harpiste…
À mi-chemin entre le Blairwitch Project, la maison hantée de Disneyland et Night at the Museum, on pénètre non seulement des espaces normalement inaccessibles des Beaux-Arts, mais la visite à la lampe de poche dans le noir complet rend en plus chaque parcours unique, bien que notre attention s’arrête sur des objets précis, guidé par les étudiants de l’école. Ils racontent les bâtiments, les oeuvres, les émotions et donnent une occasion unique de découvrir les Beaux-Arts à travers ceux qui les vivent chaque jour, en soulevant un rideau derrière lequel eux-mêmes sont rarement passés.
