Sculpture ou design ? On ne peut pas s’empêcher de s’interroger devant les magnifiques sculptures de Lin Utzon. Son oeuvre, actuellement présentée au Musée de la Chasse et de la Nature, fait inévitablement penser au design scandinave. On y trouve le même sens de l’épure, de la courbe nette, de la juxtaposition des motifs noirs et blancs.
Pourtant, contrairement au design scandinave, l’oeuvre de Lin Utzon (qui est d’ailleurs danoise) a quelque chose d’accidentel, de vivant, d’organique. Dès la cour du Musée, on est séduit et intrigué à la fois par les gigantesques vases d’argiles qui ont l’air tordus comme des cous de girafe. A l’intérieur, c’est une armée de leurs petits homologues qui sont placés sur un socle. Une foule aveugle et immobile qui a l’air vivante, mouvante, traversée par une vague de vie. Les coulures noires et blanches ajoutent à cette illusion : comment peut-on arriver à un aléatoire si maîtrisé sans insuffler à l’inanimé une vibration ?
Tout au long de l’exposition, on ne peut s’empêcher de se demander si les formes sont tirées de la nature ou entièrement artificielles. Qu’ils s’agissent de motifs végétaux ou de suspensions faites de grappes de sphères, tout pourrait être une reproduction en noir et blanc de la nature, mais avec ce petit quelque chose profondément minimaliste.
Comme toujours, cette exposition d’art très contemporain se fond parfaitement dans les collection du Musée de la Chasse et de la Nature. Là où le rapprochement entre le permanent et le temporaire se fait le mieux, c’est — à mon sens — dans les coquilles crevées que nous présente Lin Utzon. Elles gisent sur les socles et sur le sol du Musée telles des coquilles d’oeufs molles dont les animaux imaginaires pourraient surgir à tout moment entre nos jambes ou au-dessus de nos têtes.
Finalement, Lin Utzon présente avec Cosmic Dance un retour aux sources de la vie, quelque part avant que naissent les animaux qui peuplent le Musée et en ornent les murs. A voir absolument jusqu’au 15 septembre au Musée de la Chasse et de la Nature.