S’il y a des lieux qui à eux seuls retracent l’histoire d’une ville ou même d’un pays, Ponte City en fait partie. Ce gratte-ciel sud-africain est mis à l’honneur au BAL jusqu’au 20 avril dans une exposition de Mikhael Subotzky et Patrick Waterhouse.
Cette African Queen est une tour cylindrique creuse de 54 étages à Johannesburg, construite dans les années 70 dans un pays marqué par l’apartheid, et accueillait à l’époque des familles blanches avec un quota de domestiques noirs. Sous les 173 mètres de verre et de béton, une véritable ville conçue de façon à ce que tout y soit disponible : une pharmacie, des boutiques, un bureau de poste, un solarium… Sortir de Ponte City n’était pas nécessaire pour vivre jusqu’aux années 1990 et à la fin de l’apartheid. Ponte City est alors lentement devenue un lieu d’exacerbation de la violence de la ville et des tensions raciales.
En 2007, la tour a été rachetée par un investisseur qui voulait lui donner une seconde jeunesse, en faire le lieu de vie heureux et vivant qu’elle n’avait jamais tout à fait été. Manque de bol, la crise des subprimes arrive, les investisseurs se retirent, le projet tombe à l’eau. Ponte City devient un gigantesque squat, lieu d’accueil des migrants, des fuyards, des bantous qui peuvent enfin habiter Ponte City, symbole à la fois des espoirs et déceptions de Johannesburg.
C’est cela que retracent Mikhael Subotzky et Patrick Waterhouse entre images d’archives, portraits et prises de vue récents et documents trouvés dans la tour : le parcours hors normes de Ponte City et la façon dont ses habitants ont toujours été le reflet d’une certaine Afrique du Sud, à découvrir au BAL jusqu’au 20 avril.