Il y a des domaines qui font partie de notre quotidien, tant et si bien qu’on ne les voit plus, et quelqu’un ou quelque chose, un jour, nous pousse à les regarder sous un nouveau jour. C’est ce qui m’est arrivé avec le thé.
Le Russian Earl Grey est longtemps resté ma valeur refuge. A vrai dire, ça l’est toujours, même si j’ai peu à peu appris à découvrir les thés verts dont ma mère est devenue d’un coup une grande buveuse. Et puis un jour, je suis allée chez Fauchon, pour découvrir la nouvelle collection de thés. J’ai compris deux choses : mon préjugé selon lequel le thé parfumé avait forcément le goût de chewing gum fâné était entièrement infondé ; le thé parfumé pouvait être un truc d’adultes.
Là-bas, j’ai rencontré Julia d’Envouthé, dont la passion m’a convaincue de m’abonner pour la première fois à une box. J’ai été conquise et je le suis tous les mois, et tous les mois au moins un nouveau thé (surtout ceux de L’Autre Thé !) entre dans ma galerie de thé de favoris à boire sans modération pour au moins quelques semaines (sauf l’Oolong Milky de Maison Theodor, qui s’est installé dans toutes les journées où j’ai besoin de douceur).
J’ai l’impression d’avoir beaucoup appris sur le thé ces derniers mois, grâce à la porte ouverte par Envouthé, mais aussi à quelques heures passées à L’Ecole du Thé, ouverte dans le 11e par le Palais des Thés (où FX Delmas s’est étonné que j’aie fait le parcours “à l’envers” : du thé pur au thé parfumé). Température, dureté de l’eau, temps d’infusion, une initiation a été l’occasion de me rendre compte que tout ce qu’on me disait sur les facteurs influençant est d’un coup devenu vrai à grands coups de comparaisons et d’explications patientes. C’est en sortant que j’ai décidé d’investir dans une carafe filtrante et une bouilloire à thermostat, histoire de ne plus flinguer les très bons thés que j’avais. Et d’apprendre leur histoire, du Darjeeling au Japon en passant par les villages grecs.
Et puis au fil du temps, j’ai appris à (re)découvrir et à reconnaître certains thés, à me laisser surprendre, aussi, en appréciant des associations de parfums que je pensais ne pas aimer (je n’ai plus qu’à me mettre à la cuisine au thé !). Et surtout, j’ai appris à créer mes propres rituels au fil de la journée, et à faire des pauses pour voyager le temps d’une tasse sur le pouce.